Le Sport à JM
Le Creuset à former les Hommes
"JEUNESSE ET MONTAGNE " a choisi ce « creuset à forger des hommes » par sa principale activité.
Aux altitudes encore habitables, dans les Alpes et dans les Pyrénées, les Jeunes, encadrés de Chefs et d’instructeurs Alpins provenant initialement du Club Alpin Français (d'ou la mention CAF sur le premier insigne de Jeunesse et Montagne) sont allés vivre dans des chalets où ils se sont ravitaillés par leurs propres moyens, été comme hiver. Ils se sont donnés tout entier à l’alpinisme et au ski.
Ils ont suivi pour cela un programme nettement défini et très gradué, car on ne devient pas Alpiniste ou Skieur du jour au lendemain.
Les résultats furent souvent magnifiques.
Cet entrainement gradué et intelligent a permis de voir se succéder de longues de cordées sur des sommets réputés de bonne difficulté.
Dans les Alpes ou dans les Pyrénées, de très nombreux sommets ont reçu la visite des cordées de des équipes de JM.
Des « Jeunes » qui, pour la plupart, en étaient à leur première saison de ski, et qui n’avaient pas été choisis pour leurs moyens physiques particuliers ont effectué un raid de 30 jours, à ski, en avril-mai 1941, de 600 kilomètres avec un chargement moyen de 17 kg plus les skis.
D’autres raids, d’innombrables courses à ski, en haute montagne, par tous les temps et toutes les neiges, ont montré le cran et les moyens physiques et techniques de nos « Jeunes ».
Les Championnats, qui ont eu lieu à plusieurs, à l’Alpe d’Huez, ont démontré d’excellentes qualités de compétitions, pour les épreuves individuelles, et un esprit d’équipe et une résistance remarquable dans l’épreuve nouvelle mais excellente de la « patrouille », course de fonds avec sac, sur un itinéraire de haute montagne, poursuivi pendant deux jours et sur une distance supérieure à 80 kms.
Mais il faut, plus encore, considérer la « bonification » physique et morale de chaque « Jeune ».
L'hébertisme a montré les heureuses conséquences physiologiques de la vie en altitude dont l’amélioration musculaire générale, celle du poids, du souffle, de la souplesse et des réflexes.
Sur le plan moral, beaucoup de « volontaires » renfermés et personnels, sont devenus serviables, souriants, ouverts, heureux de vivre...
Beaucoup de « Jeunes » ont quitté en regrettant les huit mois passés en montagne, comprenant tout ce qu’avaient été pour eux les moments souvent durs qu’ils venaient de vivre .
L'Education Physique
L'Education Physique, dans le sens courant que l'on donne à ces mots, est l'un des principaux moyens adoptés à cette époque pour l'Education de la Jeunesse.
Sa valeur réside dans le fait que le sport contribue simultanément à la formation physique et morale de ceux qui la pratiquent.
A "JEUNESSE ET MONTAGNE" dont les activités ont été placées sous l'égide de la Montagne, l'Education Physique revêt un aspect particulier qu’elle manifeste différemment suivant les saisons et les lieux.
Témoin de son importance, dès la création de "JEUNESSE ET MONTAGNE", une Instruction Permanente en définit le but, le contenu et la mise en oeuvre des séance. Cette Instruction a été publiée au B.O.J.M. n° 1 du 1er novembre 1941, page 33
Devant la mauvaise qualité du document original, cette Instruction a été retranscrite et peut être consultée ici.
L'Hébertisme
L'hébertisme est une philosophie de vie développée par Georges Hébert à partir des années 1910. Il comprend six volets :
- Un entraînement complet par la Méthode Naturelle
- Un apprentissage des métiers manuels courants
- Une culture mentale et morale
- Une culture intellectuelle
- Une culture esthétique
- Une initiative naturiste
La Méthode Naturelle, qui en est le volet physique, est donc une méthode d'éducation physique complète, axée sur l’empirisme, le synthétisme et l’utilitarisme. Le développement du corps, qui est selon Hébert « le temple de l’âme et du cerveau », doit permettre à chacun d'être physiquement fort pour être moralement fort. Hébert avait coutume de dire « être fort pour être utile ». L'entraînement se fait dans une visée altruiste : le corps est entraîné pour aider (s'aider soi-même et aider les autres). La Méthode Naturelle comprend dix familles d'exercices, chacune permettant de développer certaines habiletés :
- La marche
- La course
- Le saut
- Le grimper
- Le lever
- La quadrupédie
- Le lancer
- L'équilibre
- La défense
- La natation
Hormis la natation, à JEUNESSE et MONTAGNE, chacune de ces activités est pratiquée régulièrement. Chaque séance d'entraînement développe 3 axes :
- la culture physique, en améliorant la force, la souplesse, l'endurance, la vitesse, la coordination, l'équilibre ;
- le renforcement moral, par la confrontation aux obstacles naturels et aux intempéries, ce qui favorise le courage, le sang-froid, la résilience, le sens de l'initiative, le dépassement de soi ;
- l'éthique et la sociabilité, de par la pratique en groupe et non compétitive invitant au respect de la dimension personnelle, de la nature, favorisant l'altruisme et l'entraide.
Le Ski
L’hiver a été, bien entendu, consacré au ski.
Ecole de ski d’abord, pour aborder les pistes et les terrains variés.
Puis des reconnaissances de cols, de sommets et enfin des raids mémorables pour certains. Cet entrainement gradué et intelligent a permis de voir, sur des sommets réputés de bonne difficulté, comme l’Olan, ou Péclet-Polset10, de longues théories de cordées se succéder. L’Olan, en 1941, a reçu 150 visiteurs de « JEUNESSE ET MONTAGNE », Poclet-Polset, peut-être plus. Des caravanes nombreuses ont atteint le Mont-Blanc ou les Ecrins, à pied et à skis.
Enfin les championnats sont venus donner une consécration à tous ces efforts préparatoires. Des Instructions en ont défini l'organisation (B.O.J.M. n° 7, page 16), les classements (B.O.J.M. n° 10, page 78), et enfin la remise des challenges (B.O.J.M. n° 11, page 38) ou Trophées.
L’épreuve nouvelle mais excellente de la « patrouille », course de fonds avec sac, sur un itinéraire de haute montagne, poursuivi pendant deux jours et sur une distance supérieure à 80 kilomètres a mis en exergue un esprit d’équipe et une résistance remarquable des participants.
Enfin, pour mettre à l’épreuve l’instruction alpine et l’entraînement sportif des jeunes volontaires plusieurs raids furent organisés, dans les Alpes (Nice - Chamonix), (Chamonix - Mont-Blanc) et dans les Pyrénées (Urdos - Luchon). Ces raids devaient montrer si ces jeunes avaient acquis les qualités morales de volonté et d’énergie qu’ils étaient venus puiser à la rude école de la Montagne.
L'Escalade
En été, de très nombreux sommets, et les plus importants, tant dans les massifs de Chamonix, de l’Oisans, de la Vanoise, du Belledonne, des Sept-Laux, du Grand-Arc, ou dans les Pyrénées ont reçu la visite des cordées de Jeunesse et Montagne.
Plusieurs itinéraires nouveaux ont été forcés, dans les Alpes et dans les Pyrénées.